Rencontre avec la créatrice de Lilakacemi, bijoux textiles

Dans le cadre de l’exposition Au fil de la Parure, au Musée des Tissus de Lyon, nous avons eu la chance de rencontrer Dalila, la créatrice de Lilakacemi. Plus d’infos sur l’expo Bijoux Textiles au Musée des Tissus, et la suite : d’autres bijoux.
Bijoux Textiles Lilakacemi

Découverte de Lilakacemi, bijoux textiles

Avec un cursus Arts Appliqués, et une vraie démarche artistique – au sens Arts Plastique – tournée autour de la matière, et de sa détérioration, rien ne prédestinait Dalila à la création de bijoux… Et pourtant, c’est en suivant le fil de sa démarche artistique qu’elle parvient au bijou textile.

Flashback & travail conceptuel

Plastron Lilakacemi bijoux textiles Bijorhca

Dalila, c’est une jeune femme en Arts Appliqués, qui travaille ses idées jusqu’à l’extrême. Elle explore toutes les pistes, une par une, jusqu’à arriver au bout.

Il s’agit d’un travail très conceptuel et structuré, à l’image de la créatrice.
Voici ses thèmes-conducteurs (auto-déclarés, vous imaginez la capacité de recul de cette artiste? vous vous en rendrez peut-être compte en lisant la suite…):
1. L’usure, l’altération : à quel moment le pourri devient-il précieux? Abîmer des objets jusqu’à les rendre jolis.
Etudiante, Dalila retrouve une petite chaîne rouillée dans sa chambre, et tout part de là, lorsque le professeur d’arts plastique demande à ses élèves d’apporter en cours un objet banal…
2. Travail sur le fil, la mémoire, la trace, le lien.
3. Des objets qui s’attachent partout (le fil)
4. La destinée prévue et imprévue… L’entre-deux est un moment crucial, clé, qui passionne la créatrice.

Du plastron au bijou

Progressivement, à force d’exploration toujours plus poussée (elle travaille notamment par « constellations » : d’un point à un autre, qui se croisent, s’entrecroisent etc.), ses travaux mènent Dalila au bijou, en passant par le vêtement qu’elle dégrade jusqu’à en faire une parure / plastron (photo, à Eclat de Mode en septembre 2010).

Les sources d’inspiration de Dalila, de Lilakacemi

La nature, et notamment le végétal, et son cycle de vie de la germination à l’altération, sont des pistes privilégiées de la créatrice, qui admire les oeuvres du Land Art.
Si vous ne connaissez pas ce mouvement, je vous invite à découvrir le travail de Richard Long, qui use ses souliers sur les paysages du monde entier. L’oeuvre ? L’action, et la trace laissée, et ensuite la photo qui en découle…
Par exemple ci-contre, « A line made by walking », 1967.
Richard Long travaille aussi avec les éléments du paysage : par exemple les cailloux et rochers, qu’il va assembler, ramasser, et placer un par un, en une immense spirale dans le désert. En savoir plus : .
La créatrice apprécie également l’univers des Mille et Une Nuits, et la calligraphie Kabyle, liée à ses recherches de mémoire (sur ses origines).

Collections de bijoux textiles et autres curiosités

Le travail de Lilakacemi se décline en grosses pièces, ces vêtements-bijoux évoqués plus haut, et en pièces plus accessibles, déclinées des premières. Des bracelets, des colliers écharpes, des bijoux de tête….
J’apprécie notamment particulièrement la collection « Gris-gris voyageurs », dont le nom, et la réalisation invitent au rêve…

Elle a aussi un travail d’artiste peintre, avec notamment un travail en duo avec la céramiste Virginie Smaïli. La poésie, la finesse de la porcelaine sont des éléments qui plaisent à Dalila. Kabylligraphie est ainsi un travail de toiles et dessins, repris ensuite sur la porcelaine. Des souvenirs d’enfance, des breloques, des photos anciennes, un travail sur la mémoire de l’artiste, appliqué sur porcelaine.

NB : Cette matière intéresse particulièrement Dalila, notamment du fait de l’élément de surprise qui accompagne toute pièce de porcelaine.
Vous ne le savez peut-être pas, mais la porcelaine est un matériau très délicat à travailler.
La matière se présente comme une pâte liquide, que l’on travaille ensuite généralement au moule.
Il faut laisser la porcelaine sécher, puis démouler délicatement, pour poncer la forme obtenue. La porcelaine crue s’affaisse au moindre choc, irrémédiablement. Et le moindre coup de scalpel malheureux, occassionnant une fissure invisible à l’oeil nu, se soldera par un éclatement à la cuisson… Surprise donc, qui se marie très bien avec le concept N°4 de Dalila : destinée prévue et imprévue…
A noter aussi : un travail très intéressant sur la géographie, et les cartes : la créatrice crée des cartes : la carte des objets qu’elle a trouvés un jour donné, la carte des lieux qu’elle a traversés, etc… (toujours la trace, la mémoire).
Aujourd’hui, Dalila vend dans son atelier boutique (Abbesses à Paris), mais aussi dans une dizaine de boutiques en France (plus d’infos sur le site de la créatrice).

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