– il s’agissait de la première exposition sur Saint Laurent depuis 25 ans, et la précédente n’avait pas cette ampleur : environ 300 pièces exceptionnelles ont été exposées l’année dernière (choisies parmi plus de 5000, conservés dans d’immenses frigos, à la fondation YSL, qui se tient dans les anciens bureaux de création d’YSL).Une prise de risque certaine (d’autant que chaque page coûte!) mais qui donne, à mon sens, une portée inédite au livre : le rêve, via la technique, le rendu, palpable de ce qui d’habitude ne l’est pas : le travail de création et fabrication.
Farid Chenoune poursuit, en parlant de la collection « charnière » d’YSL : 1971, qui tenait une place importante dans l’exposition.
Cette collection a fait scandale, car YSL a puisé dans les années 40 son inspiration. Or cette période de l’Occupation Française (et notamment la Collaboration « Horizontale ») est toujours honteuse en 1971, son souvenir est encore frais… C’est précisément l’image de la femme des années 40 (« la prostituée mondaine qui maîtrise son destin, sa sexualité », d’après Farid Chenoune) qui intéresse YSL.
C’est l’époque des révolutions féministes, il « adopte le conformisme stylistique de l’époque mais l’interprète de façon radicale et violente« . Il « libère la femme, rebat les cartes en mettant en scène une femme qui maîtrise sa sexualité« . C’est aussi pour lui une manière d’afficher son indépendance sexuelle (c’est l’époque de la fameuse photo de Saint-Laurent nu par Sieff).
Pour finir, Farid Chenoune parle de l’influence d’YSL aujour’hui…
« Les grandes influences sont celles qu’on ne voit pas (ou plus). »
Farid Chenoune a eu la chance d’assister à un défilé d’YSL. Il témoigne avec émotion de son souvenir :
« Il était timide, hypersensible, mais il avait une présence physique incroyable. Il était faible et fort à la fois. Il était à l’avant-garde, par ses créations, par sa posture sexuelle. Son personnage était celui d’un Ange, chrétien et désexualisé. Comme beaucoup, je suis tombé Amoureux d’YSL. Il avait une élégance naturelle, une race, qui ne laissait personne indifférent, hommes ou femmes, homos ou hétéros. Il faisait en sorte que les gens l’aiment et le protègent, sans le toucher, comme une porcelaine magnifique ».
M. Chenoune évoque, en plus de la Figure de l’Ange, la figure de l’Artiste Romantique, au sens artistique bien sûr (talents et névrose dans la même personne, ordre et chaos, force et fragilité), qu’il perçoit notamment dans l’une des phrases laissées par YSL dans son journal : « je n’ai pas d’inspiration » (1963). Il poursuit avec une allusion qui m’a beaucoup étonnée, mais que je trouve très juste, en y pensant : « Sans YSL, pas d’Amy Winehouse. C’est lui qui a donné naissance au Couturier Star, à l’icône Pop comme Madonna ou Lady Gaga« .
Pour mieux connaître le travail d’YSL, je vous conseille vivement la lecture, ou le feuilletage de ce livre.
Un titre de Lauréat du Grand Prix du Livre de Mode 2011 vraiment mérité.
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Bientôt, un article sur le troisième livre de la sélection : Ethique de la mode féminie, par Mariette Julien.
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