C’est un peu l’événement de la rentrée mode à Lyon ! Le Musée des Tissus propose la première exposition consacrée à Vivienne Westwood en France. La créatrice britannique est encore très active, notamment en faveur de l’environnement, mais elle a commencé dans les années 1970. Le parcours de l’exposition permet de bien comprendre le cheminement de celle qui aurait pu rester une institutrice anonyme.
Vivienne Westwood au Musée des Tissus
Quel rapport entre Vivienne Westwood et le Musée des Tissus ? A priori, aucun ! Et pourtant, il y en a deux.
Tout d’abord, les collections du Musée recèlent une pièce exceptionnelle : un pourpoint médiéval dit de Charles de Blois, qui est l’unique pourpoint conservé en bon état aujourd’hui au monde. Il date de 1360 et permet de mieux comprendre comment le costume masculin évolue à l’époque, à partir du costume militaire. Ce pourpoint a inspiré une veste à Vivienne Westwood.
Le deuxième, car les 200 pièces présentées dans l’exposition proviennent de la collection d’un lyonnais, Lee Price, ex-salarié de la marque pour laquelle il voue une passion – et donc une collection – depuis ses 13 ans.
Vous le savez, chers fidèles du blog – merci d’être là encore, après 10 ans ! – j’adore visiter des expositions pendant mon temps libre, et encore plus quand elles concernent des créateurs de mode, ou des mouvements artistiques. Si vous ne les avez pas encore lus, retrouvez mes articles sur les grandes expositions de ces dernières années à Paris et Lyon dans la catégorie Expos.
De la provoc punk au questionnement des bases du vestiaire XVIIIème
Du travail de Vivienne Westwood, on retient généralement deux composantes.
Premièrement, elle a contribué à développer le mouvement punk dans les années 70 en Angleterre, dans la boutique qu’elle avait fondée avec son mari, Malcolm, manager des Sex Pistols.
Et deuxièmement, elle a choisi depuis 2007 de militer pour l’environnement, avec un slogan fort : Buy Less, Dress Up – en choisissant mieux, par exemple des pièces Vivienne Westwood 🙂
Forcément, on passe à côté de pas mal de choses quand on s’arrête là !
Vivienne Westwood, la passion de l’histoire du costume
Tout d’abord, il me paraît important de prendre en compte le fort degré de technicité des pièces Vivienne Westwood.
Avant même d’être créatrice de mode, elle lisait avec assiduité les manuels d’histoire du costume et les livres de patronage des époques anciennes.
Adepte du Do It Yourself (fais-le toi-même), elle passe beaucoup de temps à comprendre la construction de pièces comme le corset.
Ou bien sûr le fameux pourpoint de Charles de Blois dont je vous parlais plus tôt. Vivienne Westwood le dit elle-même, ses idées viennent du passé.
Art + Mode + Subversion
Elle est connue pour avoir travaillé le corset, la crinoline, ou encore la Toile Jouy. Elle crée aussi de « jolies » robes, mais il ne faut pas s’attendre à de créations Haute-Couture glamour et irréprochables à la Valentino !
L’art de Vivienne Westwood est toujours subversif.
D’ailleurs c’est un des sous-titres de l’exposition : Art + Mode + Subversion. Il y a toujours un message dans ses créations. Vous êtes prévenu(e)s !
De nombreuses citations rythment d’ailleurs. En plus de donner à comprendre la vision de la créatrice, elles contribuent à la force des tableaux présentés.
L’exposition s’organise en effet autour de vitrines en plexiglas et bois bon marché. Chaque vitrine est aussi centrée sur une couleur qui donne de la lisibilité à l’ensemble.
Cela donne un côté « en construction » qui fonctionne bien avec l’esprit de Vivienne Westwood.
Ce parti pris va de pair avec le mode de création de la créatrice. Elle construit des silhouettes à partir de « briques » d’époques et de styles différents.
Vivienne Westwood, so british
Vivienne Westwood est aussi connue pour son utilisation permanente des symboles de la culture britannique : le tartan (d’ailleurs Vivienne Westwood a créé son propre motif !), le thé à l’anglaise, la Reine bien sûr, etc. Evidemment chacun de ces symboles est détourné, déconstruit, recomposé. Pour moi, c’est aussi un signe de son passé de Punk, en plus de marquer son caractère iconoclaste.
Pourquoi les Punks ont-ils recours au DIY ?
Parce qu’ils refusent tout ce qui vient de la société qu’ils jugent pourrie : elle a mené au chômage, à la guerre.
A la fin de l’exposition se trouve une série de vitrines qui m’ont particulièrement intéressée, parce qu’elles présentent le travail de Vivienne Westwood, mis en lumière par les techniques et tissus utilisés. J’ai trouvé ce lien avec le Musée des Tissus très pertinent et intéressant, d’autant qu’il était inattendu !
Très intéressant aussi, le parcours de Lee Price en vidéo et en chronologie, qui permet de comprendre les origines de sa passion et la construction de sa collection. A la fin de l’exposition se trouve par exemple une galerie qui présente les chaussures qui ont constitué les débuts de sa collection.
L’exposition Vivienne Westwood x Lee Price au Musée des Tissus de Lyon vient de commencer. Elle se termine le 17 janvier 2021.