Exclusif : Rencontre avec Dany Sanz, la créatrice de Make Up Forever

Make Up Forever, c’était pendant longtemps une marque de maquillage dédiée aux professionnels. Mais le rachat en 1999 par LVMH a ouvert la voie au grand public, à travers une distribution chez Sephora notamment…
La marque est aujourd’hui incontournable !!!

Nous avons eu la chance de rencontrer sa Directrice Artistique et Fondatrice, Dany Sanz, qui nous raconte, avec humour et spontanéité son « Aventure » et décrypte l’ADN de la marque…

Est-ce un avantage d’être une femme dans le monde du Maquillage ?Dany Sanz Directrice Artistique Make Up Forever
Aujourd’hui je dirais que oui. Avant c’était un désavantage réel. Les Make Up Artist des marques étaient tous des hommes… C’est un peu comme avec les coiffeurs… Je crois que pour les femmes c’est plus valorisant d’être maquillée par un homme, même s’il est homo, parce qu’il y a un rapport de séduction.
Maintenant, ce n’est toujours pas un parcours facile pour les filles, mais le pourcentage de filles augmente, dans le cinéma, la TV, le spectacle. Et pas seulement en France.
Quand j’ai commencé, les filles devaient se diversifier. Les réussites comme celles de Terry (Gunzburg, la créatrice de By Terry, ndlr) restent assez rares.
Pour m’insérer dans un monde assez fermé, il m’a fallu suivre un autre courant. En somme, j’ai essayé d’exister différemment. Cela a bien sûr influencé ma carrière, et mon style.
Comme je suis peintre, je suis allée vers l’artistique, le spectacle, et moins vers la Beauté, le quotidien des femmes.
 

Make Up Forever 30 ans

Aujourd’hui nombre de marques sont distribuées dans le monde entier. Y a-t-il un maquillage universel ?
Vous savez je pense que c’est comme la musique, la cuisine, ou conduire une voiture : il y a des bases valables partout. Ensuite viennent des influences liées à la culture, aux jeunes – qui chamboulent les codes. Au Japon par exemple, le vernis à ongles a longtemps été considéré comme quelque chose de vulgaire. Aujourd’hui, comme partout dans le monde, c’est la folie des vernis.
Un comportement rebelle au départ est repris, transformé, adapté. Les tendances sont adoptées petit à petit, jusqu’à leur généralisation à toutes les générations. Les make up artists pressentent ces frémissement, et par leur travail participent à leur démocratisation / acceptation.
 

Tenez-vous compte des spécificités culturelles dans la création des produits ?
On est obligés d’en tenir compte en fait. Devant la diversité des marchés actuelle, il y a de gros potentiels de vente, et il faut plaire à tous les consommateurs. On fait donc attention à leur culture propre, leur personnalité, et bien sûr leur couleur de peau.
Chez Make Up Forever, on développe de longues gammes de couleur : jusqu’à l’ébène. Mais les textures sont différentes : pour schématiser, on ne met par exemple pas autant de « gras » dans un fond de teint à destination des pays chauds. La transparence et la couvrance sont également modifiés en fonction des attentes du marché en matière de résultat.
Pour les vendre, il y a ensuite des stratégies de marketing et communication différentes, en fonction des cibles.
 

Exposition Make Up Forever  

En France, vous avez contribué en 2010 à une exposition de photos sur la bouche « Rouge is Art, Art is Rouge ». 
Comment construisez-vous vos campagnes de communication/événementiel ?
J’ai une équipe d’experts qui évalue les produits à présenter en fonction des pays, et la manière de procéder. Je m’occupe plutôt de la partie visuelle générique.
Pour chaque campagne, le style, les choix esthétiques sont liés à mes émotions, et bien sûr à mon passé artistique. C’était très instinctif au départ, vu que je n’ai pas de formation marketing.
Petit à petit j’ai eu plus de budget et de collaborateurs, mais j’ai toujours gardé cette sincérité, cette dimension artistique. Les autres marques font ça de manière très structurée, assez codifiée, sans prendre trop de risques finalement. J’aborde les choses avec mon œil de peintre et je crois que cela donne un certain style, un certain ton. Une différence en tout cas !
Je me sers beaucoup des codes de l’art : une construction de couleurs, de l’espace. 

Make Up Forever Smoky 2011 (3) 

Vous avez dit être une « Artiste rationnelle », et vous parlez d’émotion. Peut-on apprendre le maquillage ou est-ce une question de sensibilité ? La sensibilité est-elle compatible avec rigueur et méthode ?
Oui, c’est compatible, je suis l’exemple type !
Je pense que toute émotion, ou vibration artistique doit être contrôlée, sinon on devient fou. Il y a d’ailleurs beaucoup d’exemples dans l’histoire de l’art !
Moi j’aime construire, apporter un résultat, pas forcément financier, mais un résultat personnel, une progression. Ca fait partie de mon tempérament. Être artiste, avoir des vibrations n’exclut pas le fait qu’on ait envie de construire quelque chose d’autre, qui soit utile.
J’aime faire des choses utiles pour les autres, pour moi, pour les équipes qui m’entourent. J’aime bien voir progresser les gens. Quand on est artiste à 100%, sans construire, sans esprit stratégique, on se retrouve seul avec ses émotions, on ne fait rien. Je trouve ça très égoïste en fait.

Quand on a la chance d’avoir ces facultés, il faut les utiliser pour soi, mais aussi pour construire autour de soi, pour que cela serve aux autres. D’ailleurs ça se voit dans mes produits : ils sont multi-use, parce que je ne vois pas l’intérêt sinon.
J’aime bien faire profiter les gens qui m’entourent de ce que je sais. Je suis très formatrice en fait, j’aime partager, apprendre des choses aux autres. Leur donner des bases pour leur permettre de franchir des étapes. Je le fais instinctivement, et finalement j’ai construit ma vie artistique et professionnelle comme ça. C’est pour ça que Make Up Forever existe !
 

Looks Make Up Forever
 Collections Make Up

Revenons justement sur l’histoire de la marque… La couleur c’est la mode aujourd’hui, Make Up Forever est très forte là-dessus. Mais il y a 27 ans ?
Je suis rentrée par hasard dans ce métier, parce que ça réunissait pas mal de choses dont j’avais besoin, je me sentais capable de progresser. J’ai agi en fonction de mon tempérament, de manière assez rationnelle finalement. J’en suis arrivée à faire une marque, mais sans le « faire exprès », et les choses se sont enchaînées.
Je suis devenue maquilleuse, avec les produits qui existaient à l’époque. Et je me suis tout simplement dit «  Flûte il y a pas grand-chose comme produits, il manque des choses, on ne peut pas les acheter. Bon ben on va les faire, c’est tout ! ».
Alors j’ai commencé à faire des produits dans ma cuisine. Sans penser les vendre, surtout parce que j’en avais besoin ! Je crois que c’est complètement rationnel comme démarche en fait.

De fil en aiguille j’ai découvert ce que c’était que faire des produits. Ca me plaisait bien, c’était une continuité du métier de peintre : bidouiller les couleurs, les mélanger, faire de la couleur et de la matière.
Après on m’a poussée à officialiser la chose. Il y avait quand même des produits à l’époque, des produits traditionnels, des produits étrangers. Mais c’était assez classique. En tant que peintre, il me manquait des couleurs, c’est clair ! Je faisais du maquillage artistique, de la peinture, mais je n’arrivais pas à retrouver le rendu de la peinture, ce que je connaissais.

Je n’ai jamais appris à maquiller, alors j’ai commencé à travailler avec des pigments, avec mes élèves, j’ai essayé de retrouver en cosmétique, ce qui existait en peinture. Ensuite j’ai fait des effets spéciaux en partant de produits de sculpteurs, que je connaissais. J’ai donc eu des résultats inédits en cosmétique. Et ça s’est su. En fait ça répondait à une très grande demande.
Les années 80, c’était une vraie révolution culturelle, une folie, au niveau du spectacle, de l’art. Les gens cherchaient des effets remarquables, des fringues fluos, des couleurs qui n’existaient pas. Forcément ça a marché, et le bouche à oreilles a permis de faire reconnaître Make Up For Ever sans com’. Il y avait ces matières, ces brillances, ces couleurs qui n’existaient pas à l’époque, mais dont tout le monde avait envie / besoin.
 

Une création de produits très pragmatique, mais qu’en est-il de la chimie ?
Au début j’ai fait un peu n’importe quoi. La législation à l’époque était beaucoup moins sévère, heureusement d’ailleurs ! On avait un registre d’ingrédients et pigments bien plus grand que celui qui existe aujourd’hui.
Petit à petit, je me suis approchée de petits labos. Il le fallait, parce qu’on me surveillait, j’étais un peu l’hurluberlue de la profession ! Et quand je voulais du jaune citron, ça intéressait ces chimistes, parce que ça les sortait de leur train-train.
Je me suis retrouvée avec une petite bande, qui s’intéressait à ce que je faisais, et qui m’a aidée à faire ces produits correctement. Ca m’a beaucoup plu d’ailleurs, j’ai appris des bases essentielles, ce qui m’a permis d’être plus exigeante par la suite, de demander des choses plus difficiles.
Quand Make Up Forever a encore grandi, je me suis dit qu’il fallait avoir près de moi quelqu’un – dommage que je ne sois pas mariée à un chimiste ! – avec qui travailler, un vrai expert. J’ai eu de la chance, mon laboratoire de fabrication m’a « donné » Richard Girousse (à plein temps). Enfin quelqu’un qui « m’appartenait » !


Le duo a fonctionné, il fonctionne toujours. Un expert et une loufoque, qui font de belles choses ensemble (rires).

Make Up Forever Smoky 2011

Même le rachat par LVMH n’a pas perturbé ce duo ? 

A vrai dire c’était mon inquiétude.
Au moment de décider de vendre (c’était un vrai choix, et ça j’en suis très fière !), la prise de décision impliquait énormément de gens. Je voulais que toutes nos équipes puissent continuer l’aventure, sans mettre en péril la marque. Vous savez, Make Up Forever c’est une aventure de vie, et aussi des gens, à l’époque dans 40 pays (1999).
On a tranché, on a décidé de vendre, pour s’appuyer sur des experts, ce qui nous paraissait (à mon mari et moi) indispensable pour continuer à développer l’entreprise. Ca aurait pu perturber nos collaborations, d’ailleurs on avait préparé toutes les éventualités, mais finalement, tout s’est très bien passé.
On a été repris « en l’état », avec les équipes qui ont contribué à la réussite de Make Up. Il n’y avait aucune raison de se séparer de ces éléments stables ! Et ça permet de continuer l’histoire avec la même identité. C’est une vraie histoire. C’est ce qui fait aussi notre différence je pense.
Bien sûr on a dû s’adapter, apprendre d’autres choses pour cette étape 2. Mais ça nous plaisait !
 

Quelles sont les valeurs de Make Up Forever ?
Au départ, je pense une grande part de sincérité / honnêteté. Elle n’est pas stratégique, ni calculée. Elle a contribué à l’essence de la marque : faire du bien, créer des outils pour soi et pour les autres. Je reste avec cet état d’esprit, que j’essaie de partager avec tout le monde. Tous les gens de Make Up Forever sont dans cette ambiance dès le départ. La sincérité est là dans toutes nos actions. C’est vraiment la première chose.
Ensuite, on est tous un peu émotionnels. Même si nous sommes rentrés dans la Machine (une marque de groupe) nous gardons une pureté, aussi bien dans les produits que dans la com’.
Enfin, je suis très perfectionniste. Ce n’est pas un perfectionnisme ennuyeux ! J’aime les choses bien faites. J’aime terminer quelque chose que je commence. J’ai une satisfaction énorme devant un bon résultat. En fait je pense qu’on devrait utiliser un autre mot : le bien-faire, le savoir-faire et vouloir partager, redonner les choses qu’on a faites. On est très éducateurs chez Make Up !
L’éducation est une composante forte de l’ADN de la marque, je fais encore beaucoup de formations. Et puis il y a l’Académie (l’école de formation créée par la marque, ndlr).
Je pense que c’est une question de personnalité. On ne calcule pas chez Make Up Forever : les nouveaux arrivants ont tous un peu le même profil et sont pris dans cet état d’esprit, qui plaît beaucoup d’ailleurs. Dans le groupe nous sommes marginaux, même si nous avons aussi des objectifs. Mais je trouve ça bien. C’est presque vital, on en a besoin ! 
 

A votre avis, quelles sont les qualités pour réussir dans le Maquillage ?
C’est un métier qui attire beaucoup, il y a beaucoup de monde, alors il en faut beaucoup !
Il faut déjà savoir maquiller, connaître les bases. Je suis très stricte là-dessus.
Et puis, on ne joue pas à être artiste, alors si possible il faudrait être artiste ! Mais ça, ça se passe au berceau…
Et puis il faut savoir choisir un secteur approprié, ne pas tout mélanger. Et savoir être ouvert. Maquiller c’est bien, mais ça peut être aussi très ennuyeux sur toute une vie, alors il faut aussi voir comment construire autour de ça. Il y a beaucoup de métiers annexes qui découlent du maquillage, mais ils sont souvent négligés. Il faut savoir être stratégique pour s’en sortir, ne pas se décourager.
 

Aqua Liner Make Up Forever

Vous avez beaucoup travaillé pour le monde du spectacle, et du cinéma. Vous avez notamment créé la gamme « HD » pour les tournages en HD. Selon vous la technique/les effets spéciaux peuvent-ils supplanter le maquillage dans le cinéma ? 

C’est déjà un peu le cas…
On n’aborde plus du tout les choses de la même manière. Le maquillage « à l’ancienne » va disparaître, pour laisser place à des maquilleurs-techniciens qui vont créer des bases pour les techniciens informatique, physiquement ou par un conseil.
Je pense que pour réussir plus tard, il faut s’intéresser au mouvement, se préparer au changement à venir, être stratégique. Et c’est pareil dans tous les domaines : la mode, la photo, etc.

Make Up Forever HD Foundation
Dans un autre domaine, pensez-vous que le maquillage masculin a un avenir ?
C’est bien parti je trouve, même si ça a été très long. On en parle depuis que j’ai commencé presque ! Mais surtout, il fallait attendre une nouvelle génération pour que cela fonctionne.
La génération actuelle est née avec des bases : les premiers produits pour homme existent déjà, sont disponibles en magasin. Ce sera donc forcément productif, parce qu’ils vont utiliser ces produits, et en demander encore plus.
La limite sera toujours le maquillage esthétique basique, qui sera utile dans une vie quotidienne : ne pas avoir de boutons, séduire en étant bronzé, ne pas avoir de cernes. Tout ce qui concerne la bonne mine, la bonne attitude, la bonne santé va forcément se développer selon moi.
 

Et celui des seniors ? Comment voyez-vous l’évolution du marché?
En fait il y a déjà beaucoup de produits, mais on ne communique pas sur eux !
Sur le marché, dans les labos, on travaille sur des principes actifs : l’hydratation, le lissage, l’estompage des rides. Mais on ne focalise pas sur l’âge, on est très frileux, même dans mes équipes, et je leur reproche d’ailleurs. Pourquoi est-ce triste et dévalorisant de communiquer sur les plus de 60 ans ? Moi j’en ai 65 !
Je pense que c’est culturel en fait. Il faudra peut-être attendre une nouvelle génération…
 

Est-ce une tendance mondiale ? 
Aux Etats- Unis, c’est pire : il faut être jeune à tout prix, c’est le show- off permanent. Les vieux ne sont montrés que s’ils sont riches et bien portants, sinon on ne les montre pas.
Au Moyen-Orient c’est un peu différent… Dans le style de visuels on voit des filles plus « femmes », pas comme chez nous où c’est vraiment « girly ». Ce sera peut-être plus facile, mais ce n’est pas exploité pour l’instant.
C’est désolant !
On fait tout pour elles, mais cela ne se voit pas. C’est dommage, je pense qu’il y a vraiment des moyens modernes, optimistes, gais de communiquer la beauté et ce qui va l’améliorer sur ce type de femmes, mais ça ne marche pas, personne n’en veut.


On parle beaucoup de maquillage naturel, minéral depuis quelques années. Tenez-vous compte de ces tendances dans la création de produits?
Je n’en tiens pas compte, parce qu’il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas faire, en termes de couleurs et de rendu.
Beaucoup de marques, en maquillage et même en soin s’engagent, ça devient n’importe quoi, avec une confusion voulue. Je trouve ça désolant. Je n’ai pas envie d’entrer dans cette sphère.
D’ailleurs le bio n’est pour moi pas toujours plus sécurisant que du non-bio, parce que l’absence de conservateurs induit peut-être d’autres problèmes, comme les bactéries, etc.
Je pense qu’il y a d’autres moyens d’être conformes avec la législation, tout en donnant le résultat souhaité aux clientes. C’est la voie que nous avons choisie.
 

Make Up Forever Glossy Dany Sanz

Toutes marques confondues, quel est votre produit maquillage préféré ?
Forcément quand je fais un produit, je l’aime ! Surtout que je teste tout sur moi !!!
Dans notre métier on jette bien sûr un œil sur ce que fait la concurrence, rien que dans notre groupe par exemple. Les mascaras Dior sont par exemple très bien. Chez Lancôme aussi.
 

Un produit que vous auriez rêvé de créer ?
En fait, j’essaie toujours de le faire déjà  🙂 J’ai résolu pas mal de mes dreams !
Bon, y a toujours des produits difficiles : j’aimerais créer un fond de teint complètement waterproof, pas desséchant pour la peau, avec des principes actifs, et qui soit naturel. Je rêve de le faire, mais je n’ai pas réussi !
Il faudra peut-être attendre un nouvel ingrédient  …

Dracula Make up artists

A noter : Make Up Forever organise régulièrement des concours et castings pour trouver ses égéries (notamment pour la nouvelle campagne 2012 HD, ndlr).

Make Up Forever Smoky 2011 HD

La marque a notamment participé à la recherche du Make Up Artist de la nouvelle coméedie musicale de Kamel Ouali, Dracula ! Pour vivre cette aventure, vous pouvez voir les vidéos ici ! L’idée du partage et de la formation toujours. Un exemple de cohérence du message à suivre !

Cette dimension pédagogique se retrouve sur le site Make Up Forever, chaque look est expliqué pas à pas dans la rubrique « Step by Step ».

Visuels : Collection AH 2011-12 Smoky by Make Up Forever.


Relire les articles Anniversaire : c’est par là. Retrouvez notamment les interviews de Max Herlant, Aurélien Michel, et bien sûr le premier épisode de BullesdemodeTV !

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