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Les collections de Philippe Ferrandis passent rarement inaperçues… Et pour cause !
Vous avez certainement déjà remarqué ses collections au bras de personnalités comme Marianne James sur la Nouvelle Star ou sur Claire Keim dans la Comédie Musicale «La Nouvelle Blanche-Neige», diffusée cet hiver pendant les vacances de Noël (ce film est un bijou d’originalité et de créativité si vous voulez mon avis!).
J’ai eu la chance de rencontrer l’artiste en personne, et de visiter son atelier avenue Daumesnil à Paris !
Rencontre Exclusive avec LE créateur de bijoux fantaisie, Philippe Ferrandis
Sur la porte on peut lire Parurier à Paris depuis 1986. Qu’est-ce que le métier de parurier?
«J’ai adopté cette expression assez récemment car je ne me voyais mes créations ni comme des pièces de joaillerie, ni comme des bijoux fantaisie.
En France, « bijou fantaisie » a une connotation plutôt négative.
Nous avons une tradition conservatrice très forte. Aussi, l’Art et la bienséance sont des valeurs très proches dans l’inconscient collectif.
La bijouterie fantaisie, on l’appelle aussi « toc », « faux », « babiole ». Rien ne m’énerve plus que les personnes qui disent : « C’est joli pour des faux bijoux ». Or pour moi, un beau bijou n’est jamais faux. D’abord, il est fait de belles matières, les finitions sont soignées, et surtout c’est comme un maquillage, il vient ponctuer la personnalité de la femme qui le porte.
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L’aspect « faux », non-précieux, donne un sens péjoratif au bijou, qui annule selon moi complètement la dimension fortement créative et la qualité dont peuvent faire preuve ce type de bijoux. D’ailleurs, c’était pour Flaubert « la plus noble forme de talent ».
Cette image négative, les autres pays du monde ne l’ont pas du tout. En anglais on parle de « Costume Jewellery », le bijou de vêtement. Pour moi ce mot est bien plus proche de ce que sont vraiment les bijoux dits « fantaisie ». Tous comme les bijoux de théâtre, les bijoux fantaisie, que l’on a appelé aussi « Bijoux de Couture », sont décalés par rapport au vêtement. Ils s’éloignent de la bijouterie classique pour proposer d’autres pistes créatives.
Aujourd’hui il n’y a quasiment plus de paruriers. Leur développement s’est fait en parallèle de celui de la Haute-Couture. Ils ont inventé les bases de la bijouterie créative / de mode / de luxe.
Et puis un jour, M.François Lesage m’a dit : « Finalement t’es le dernier parurier ».
Pour les paruriers, il y avait deux aspects surtout :
– Le choix des matières
– Le temps de travail (qu’on ne compte pas)
Parmi les paruriers célèbres, il y avait Roger Semama, qui travaillait avec Dior et Yves Saint Laurent, ou Jacques Fath. Je pense aussi à Joseph (Hollywood), Gripoix et Gossins.
Mais l’émergence du prêt-à-porter à l’aube des années 70 a mis fin à cette magie.
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Ma grand-mère avait une cassette de bijoux de Jacques Fath des années 45-50. Quand je l’ai découverte, WAOW, j’ai tout de suite su que c’était ça que je voulais faire. C’était magnifique!
Et puis un jour, M.François Lesage m’a dit : « Finalement t’es le dernier parurier ».
Alors j’ai décidé d’adopter ce nom en hommage à cette tradition de création et d’invention artistique née avec l’ère industrielle (fin XIXème début XXème), et l’usage accru du métal dans le vêtement (boutons, agrafes…).»
Quelle formation avez-vous suivi pour la création de ces bijoux ? Comment la marque Philippe Ferrandis est-elle née ?
«En fait je suis autodidacte. Je faisais déjà des bijoux à mes amies quand j’étais étudiant. J’ai toujours aimé ça.
J’ai fait des études de droit, et j’ai travaillé dans la mode et l’art contemporain, avec un passage comme commercial.
A la fin des années 80s, le contexte était très ouvert pour la création, cela n’avait rien à voir avec maintenant. J’ai fait ma première collection, et elle s’est vendue. Je faisais des bijoux imposants, avec de multiples matériaux différents. C’était très fun, et ça a plu à l’époque, les années « Palace » ! J’ai beaucoup vendu aux Etats-Unis, et dans les grands magasins.
J’avais un atelier dans le quartier des Halles.
Progressivement l’entreprise a pris de l’ampleur, et nous avons recruté de nouveaux collaborateurs. J’ai commencé à me rendre compte que j’atteignais mes limites, en matière de technique. Alors je me suis formé aux techniques qui me manquaient pour pouvoir aller plus loin dans ma création.»
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Comment vous positionnez-vous dans une société comme la nôtre, où le luxe est devenu accessible, les produits fabriqués en grande série, et l’extraordinaire mis de côté au profit du rentable ?
«Je crois que quelque part, seuls les petits peuvent encore faire ce que je fais !
Mes clientes sont des femmes qui ont envie d’un accessoire chic. Elles ne veulent pas d’un bijou standardisé que l’on verra partout. Elles veulent quelque chose d’unique, qui a de la gueule, qui se remarque.
Mais je ne voulais pas m’enfermer dans une niche élitiste. Pour faire vivre un atelier de 20-25 personnes, il faut vendre tous les jours. Je voulais donc un produit de qualité à un prix abordable.
Le luxe, c’est pour moi la rareté et le temps de travail nécessaire. C’est ça qui fait le prix des choses, ce n’est pas le prix qui fait luxe.
Quand je crée un bijou, je me concentre sur ses lignes, sur l’émotion qu’il dégage. Je raconte une histoire, avec des références culturelles ou artistiques.
Forcément mes bijoux attirent donc des personnalités bien particulières, qui ne sont pas centrées sur le prix/ la valeur intrinsèque du bijou.
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Par exemple, Marisa Berenson est une cliente fidèle. C’est une aristocrate vraiment chic, elle peut acheter toutes les rivières de diamant qu’elle souhaite. Mais ce qu’elle cherche ce n’est pas le prix, c’est ce que le bijou dégage, ce qu’il dit d’elle quelque part, et de son côté unique.
Pour vous dire, nos clientes fidèles ont fortement réagi, quand nous avons ouvert un corner au Printemps. « Mais tout le monde va porter du Philippe Ferrandis ! ».
Nos clientes sont des femmes extraordionaires, uniques, qui veulent porter des bijoux uniques.»
La femme d’aujourd’hui est-elle encore attirée par de gros bijoux ? Pensez-vous que le bijou fantaisie a un avenir sur le long terme ?
«Depuis 2-3 saisons, il y a un vrai retour au bijou fantaisie. Mais je ne sais pas si ce sera durable, car aujourd’hui la mode est excessive et contradictoire. Tout change très vite ! Récemment, j’ai lu dans un magazine : « Ne portez pas de bijoux faux c’est ringard » !
Pour moi, le bijou est lié à la femme depuis la nuit des temps. Elle a un vrai sens de la parure. Le bijou c’est comme le maquillage, une finition liée aux attributs féminins.
Je pense donc que le bijou fantaisie plaira toujours. Même quand Chanel présente une collection plus austère, il y a toujours des bijoux. Dans les grands groupes où il y a des difficultés, on ferme les usines, mais pas les bijoux.
En 25 ans, nous avons failli fermer boutique au moins 20 fois !
Au départ, j’essayais de suivre les tendances, mais rapidement j’ai commencé à essayer de perfectionner ce qui faisait vraiment le style Philippe Ferrandis, et notre différence. Un peu comme l’a fait Yves Saint-Laurent avec son smoking, jusqu’à ce qu’il soit parfait, intemporel. Le secret pour durer c’est de faire de ses créations des classiques.
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Je crois que la Femme d’aujourd’hui est aussi moins influençable et plus décidée. Elle est aussi plus curieuse des nouveautés. En tout cas je l’espère !
Je trouve cela très triste de voir de jeunes filles qui ne portent aucun bijou ! C’est dommage, elles ratent quelque chose pour elles-mêmes.»
Qu’est-ce que le style Philippe Ferrandis ?
«Quand je crée, j’ai envie de couleurs, de matières, de formes.
C’est moi qui réalisais moi-même les modèles, pour les premières collections. J’ai eu la chance d’avoir un père sculpteur, alors je n’ai pas peur de la matière, que ce soit du bois, de la terre ou du métal. J’ai toujours eu les mains dedans !
Mais c’est la couleur mon plus grand plaisir. Elle est liée à la nature. La couleur c’est la vie ! C’est l’humeur, la météo du cœur.
On a tous envie de couleurs par « vagues », la mode nous les impose, mais je ne les suis pas.
Je travaille beaucoup à partir de modèles vintage. J’adore chiner !
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J’ai été aussi pendant trois ans Directeur Artistique de la marque Jacques Fath – quand je repense à la cassette à bijoux de ma grand-mère, je me dis que la boucle est bouclée !
L’âge d’Or de Jacques Fath, ce sont les années 40, une époque très élégante, dont j‘ai gardé quelques images. C’est une époque très riche, et pour être honnête, tout a déjà été fait ! Le « vintage » est donc une grande source d’inspiration.
Je retravaille donc des formes, les réadapte… en XXL… ! Je crée des bijoux qui n’ont pas peur de l’être !
Je penche forcément vers la démesure parce que c’est ce qui m’amuse ! Le bijou est un accessoire, il doit donc être fun !
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J’exagère les volumes, les formes, tout en faisant attention à la réalité commerciale bien sûr !
J’aime les créations graphiques, très visuelles, et toujours élégantes.
Ensuite, je suis très attiré par l’univers du théâtre. Mes créations ont donc ce côté théâtral.
Je travaille souvent pour des productions théâtrales ou cinématographiques : « Pièce Montée », le dernier Chatillez, « Le Technicien » (théâtre), « le Pacte des Loups », « Marie Stuart » avec Adjani (théâtre), « Je n’ai rien oublié », etc.
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Le théâtre me transporte, ça me rappelle des personnages qui me font rêver. Surtout des héroïnes, des femmes aux destins impossibles. Pour moi, ce sont des tuteurs de l’idéologie féminine, de l’image de la femme.
Et puis j’ai aussi ce grain de folie que doit avoir tout créateur :-)»
Un petit teaser….
Si vous avez aimé cette interview, retrouvez la marque et ses collections de Bijoux Fantaisie dans un nouvel article, pour une visite exclusive de ses ateliers !
A découvrir : des images et vidéos exclusives des ateliers Philippe Ferrandis !
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