L’influence de l’uniforme militaire sur la mode… Oh la la ! Il y a tellement à dire !!! Entre le bleu marine, l’imprimé camouflage, la veste officier, le trench, la marinière…, pfiou, les thèmes ne manquent pas !
C’est sur le kaki, la saharienne et le motif camouflage que le musée de la Légion Etrangère et le musée des Arts décoratifs, de la faïence et de la mode de Marseille ont décidé de se concentrer dans une exposition événement cet automne (du 16 sept au 15 janvier 2017).
Saharienne sexy et/ou militaire
Quand Yves Saint Laurent propose sa saharienne sexy en 1967 – celle-là même qui est exposée!!! – c’est un raz-de-marée stylistique qui est enclenché. Déjà abordée par Mademoiselle Chanel – visionnaire – en 1961, la saharienne est un vêtement mixte pratique, rendu sensuel par un laçage poitrine. Portée par les militaires, adoptée par les familles fortunées en safari chasse ou photo dans les années 30, la saharienne évoque l’évasion, l’exotisme, le voyage – en particulier en Afrique – et gagne ses galons de popularité depuis les années 60.
Pour la petite histoire, la Légion Étrangère crée cet uniforme en toile au début du XXème siècle en s’inspirant des tenues indigènes pour s’adapter au climat aride du Sahara, tout en gardant la fonctionnalité et la structure militaires. La mode en fera un classique du vêtement décliné en robe, chemise, débardeur etc. chaque saison.
Le musée de la Légion Étrangère en présente plusieurs, via une haie d’honneur presque intimidante. Mêlés aux uniformes, les créations des maisons prestigieuses se fondent parmi les tenues de combat.
Voir sans être vu : le camouflage
Le camouflage justement est abordé comme second thème récurrent dans cette exposition.
Mention spéciale à deux pièces du château Borély pour ce thème, avec deux tenues qui s’intègrent parfaitement dans le décor…
La première est une création Haute-couture Karl Lagerfeld pour Chanel.
La seconde une tenue de combat adaptée aux environnements enneigés. En fonction de l’angle, le mannequin paraît se fondre intégralement dans le décor. Impressionnant !
Et vous avez vu la beauté de cette chambre d’apparat, malgré cette surcharge de motifs ?
Particulièrement crucial pour le combat depuis l’invention de la poudre sans feu en 1884 – avant il fallait porter des couleurs vives pour être vu de ses frères d’armes au milieu des fumées des champs de bataille nous raconte le passionnant Capitaine Seznec, conservateur du musée – le camouflage est un thème récurrent de la mode.
Certains créateurs lui sont d’ailleurs associés comme Jean-Charles de Castebajac ou Jean-Paul Gaultier.
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Pour la technique, aujourd’hui les tenues « tachistes » de camouflage françaises sont progressivement remplacées par des tenues « pixellisées », à l’anglosaxonne. Et le camouflage se pose des questions devant les avancées technologiques que représentent par exemple les lunettes infrarouge qui repèrent la chaleur des assaillants, camouflés ou non…
Influence civile et adaptation militaire
Oui la mode puise dans le vivier des tenues créées pour l’armée, mais l’armée est à son tour influencée par les tenues civiles!
Au départ porté par les régiments isolés avec une certaine liberté, les tenues non réglementaires sont parfois reprises par l’armée de terre qui officialise les modifications au profit du confort des combattants. Le képi est ainsi devenu blanc dans les régions particulièrement ensoleillées.Les légionnaires portent aussi parfois le sombrero au Mexique au XIXème, le keo en Asie du Sud-Est, ou la toile kaki.
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La toile Kaki … moutarde
Celui-ci est d’ailleurs adopté définitivement par la Légion Étrangère dans les années 30, dans sa variété de couleurs : beige, moutarde, vert amande, crème, etc. Mais les tenues d’apparat sont restées longtemps proches de l’uniforme du XIXème siècle, à savoir le pantalon rouge garance, souligné par les bandes de commandement pour les officiers, la veste marine à passementerie en fonction du grade et les boutons gravés. Aujourd’hui le kaki fait partie intégrante de leur identité, et les militaires y renonceraient avec difficulté, sauf peut-être, au profit des innovations technologiques des tenues de combattant, comme nous l’expliquent le Capitaine Seznec et Mme Germain, commissaires de l’exposition.
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Les créateurs et le vocabulaire militaire
Depuis, les poches à soufflets, le col chemise, les manches au coude, la ceinture, fourragères (pattes d’épaule), etc. sont autant d’éléments avec lesquels les créateurs de mode ont joué depuis les années 60.
Pourquoi cette fascination pour la saharienne en particulier, et l’uniforme militaire en général? Pourquoi la mode s’inspire-t-elle de l’armée ?
Il y a d’abord bien sûr le prestige de l’armée et de la Légion Étrangère, un corps de l’armée de terre française créé en 1831 par ordonnance du roi Louis-Philippe, pour combattre en dehors du royaume de France, et intégrer des soldats étrangers.
Il y a aussi la fascination pour la structure, la rigueur de l’armée, ses traditions, ses ornements, qui sont autant de codes avec lesquels la mode peut jouer.
Pour finir, l’uniforme militaire est universel et intemporel, deux qualités que la mode rêve d’atteindre. Pas étonnant donc qu’elle puise dans le vivier militaire pour s’exprimer. Avec un paradoxe toutefois : la nécessité pour la mode de se renouveler pour créer le désir saison après saison !
Certains créateurs ont aussi des racines fortes avec l’armée, comme Jean-Charles de Castelbajac par exemple, dont les ancêtres ont été sénéchal, général, ou encore écuyer de Napoléon III !
Au XXème siècle, les créateurs de mode se sont distingués par le détournement de tenues et de détails militaires, mais n’oublions pas qu’au départ le vêtement militaire a une fonction. Une vision que Chanel partagait :
« Enlevez-moi ces chichis, simplifiez, dégagez le cou, desserrez la taille… Une jupe doit se placer sur l’os de la hanche. Allongez le buste, donnez du dos, libérez le geste : il faut pouvoir mettre un mouchoir, un briquet ou des bouts de papier dans les poches, prendre une adresse ou un téléphone… Rien d’inutile, tout a une fonction. »
Ce qui me fascine peut-être le plus dans cette relation entre mode et uniforme militaire, c’est la notion de personnalité et d’individualisation que la mode appose à l’uniforme, pur contradiction !
Pour finir, j’aimerais vous recommander cette exposition et son catalogue, très riche et complet (écrit et orchestré par Xavier Landrit). J’en profite aussi pour remercier tout particulièrement les Capitaine Seznec – un guide passionné et passionnant – et Sabadotto, ainsi que l’adjudant-chef Correia-Estradas pour leur accueil chaleureux et convivial. J’ai passé une merveilleuse journée avec vous et le Musée de la Légion Etrangère, j’en garde un excellent souvenir 🙂 A bientôt !
Plus d’informations sur l’exposition : http://www.mission-mode.fr/
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