Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli [Expo]

Je piaffe d’impatience depuis le mois de juillet pour découvrir cette nouvelle exposition du Musée des Arts Décoratifs de Paris… Ce musée ne m’a jamais déçue !

J’aurais pu la découvrir en octobre, mon voyage a été reporté. J’ai donc pu visiter l’exposition – enfin ! – ce week-end. Et je n’aurai qu’un mot : SUBLIME. Allez, je suis sympa, je vous raconte 🙂

Ce que j’ai adoré dans l’expo : lien passé / présent

Vous le savez sans doute, j’ai créé un podcast, Trésors du Luxe, dans lequel je parle d’objets de luxe. L’objectif est de faire le lien entre création et maisons d’hier et inspiration et produits d’aujourd’hui. Je n’ai pas encore assez fait ce lien, je commence aujourd’hui !

Ce que j’ai adoré donc, dans l’exposition du MAD Paris, ce sont les liens qui ont été tissés entre les archives de la maison de Haute-Couture entre 1927, sa création, et 1954 sa fermeture, et les créations de son directeur artistique actuel : Daniel Roseberry. Je crois que je n’ai jamais autant vu dans le travail de quelqu’un la filiation avec le travail du couturier-fondateur.

En même temps c’est compliqué ! Il y a un historique à reprendre, à moderniser sans trop toucher aux références mythiques, ce n’est pas du tout une tâche aisée !

Et pourtant, Daniel Roseberry et son équipe y parviennent avec beaucoup de brio je trouve.

Qui était Elsa Schiaparelli ?

Si vous ne la connaissez pas encore, voici quelques informations biographiques.

C’est une italienne née en 1890 dans un contexte social supérieur – le cousin de son père a découvert la tombe de Néfertari et son oncle était un astronome dont la spécialité était la planète Mars. Elle quitte sa famille après la publication d’un recueil de poèmes qui choque sa famille et se rend à Londres en 1913 pour devenir jeune fille au pair. Elle s’arrête quelques temps à Paris et se fait remarquer à un bal pour une robe qu’elle s’est créée.

A Paris elle fréquente le beau monde artistique des années 20, en particulier Jean Cocteau, Gabrièle Buffet-Picabia, Marcel Duchamp et Man Ray, pour qui elle pose souvent.

La vie d’Elsa Schiaparelli est un roman… et c’est normal pour une créatrice aussi mythique que Gabrielle Chanel ou Paul Poiret, ses contemporains.

Un mentor dans la couture : Paul Poiret

Schiaparelli rencontre le premier des grands couturiers du XXème à son emménagement à Paris en 1922. Ils partagent les mêmes centres d’intérêt : les influences orientales, l’attrait pour les Etats-Unis. Il repère son potentiel et lui offre des vêtements, en l’encourageant à s’exprimer au travers de la mode. Elle aura toujours une grande admiration pour lui.

En 1925, elle est embauchée comme styliste pour la maison Lambal. Quand l’entreprise fait faillite, elle a suffisamment confiance en elle pour lancer sa maison de couture en 1927. Paul Poiret est son mentor. Elle s’inspire de sa stratégie quand elle lance elle aussi son premier parfum, S, en 1928, alors que sa maison de couture fête son premier anniversaire.

Des pulls effet trompe-l’oeil

La première création d’Elsa Schiaparelli n’est pas une jolie robe mais une collection pour le sport de pulls en laine dont les mailles représentent des motifs en trompe-l’oeil : lavallière, noeuds, etc. La collection est déclinée dans plusieurs modèles – et même en maillots de bains! – et devient un succès commercial.

Le Musée des Arts Décoratifs en présente une sélection représentative.

D’autres artistes vont constituer l’équipe d’Elsa : des brodeurs, comme Lesage ou Hurel, des paruriers – ces artistes orfèvres qui créent des bijoux pour les couturiers, comme Jean Schlumberger, des artistes comme Alberto Giacometti, des orfèvres comme François Hugo, un illustrateur de presse, Christian Bérard, un photographe de mode, Man Ray, un publicitaire, Marcel Vertès, etc.

Et Jean Cocteau qui, devenu un proche d’Elsa, lui offre des dessins qu’elle fait reprendre en broderies sur ses manteaux. Yves Saint-Laurent rendra hommage lui aussi à Jean Cocteau en réinterprétant l’idée, quelques décennies plus tard.

Une rencontre majeure : Salvator Dalì

Elsa Schiaparelli rencontre le couple Salvator et Gala grâce à Bettina Bergery, mannequin pour Man Ray. Une amitié se forge, car ils partagent tous deux une grande faculté d’imagination. Elsa propose à son complice de l’imaginaire de créer des accessoires pour sa collection de 1936.

C’est ainsi que naissent la manteau à tiroirs, que Daniel Roseberry réinterprète avec humour en 2020, le fameux chapeau-chaussure, des bijoux, et la robe au homard que porte Wallis Simpson peut avant son mariage.

Ce que j’ai le plus aimé dans l’exposition : les broderies

Haute-Couture rime avec artisanat et savoir-faire. De ce point de vue, l’exposition est très riche, car elle présente, outre le manteau emblématique rose « shocking » une très belle collection d’échantillons de maisons de broderies et des modèles on ne peut plus précieux.

De la veste, a priori dessiné par Hubert de Givenchy, apprenti chez Schiaparelli, au manteau déjà cité, de la veste au zodiaque au voile brodé, les modèles se succèdent, tous plus somptueux les uns que les autres. En particulier dans les dernières salles de l’exposition, qui sont comme un bouquet final, une explosion de dorures, de volume, de shoking.

Retour sur le devant de la scène : les créations les plus fabuleuses

La maison Schiaparelli a adopté une stratégie de communication très efficace il me semble. Je vous ai partagé la photo d’Adèle pour sa dernière apparition publique cette semaine sur Instagram : encore une création Schiaparelli. La marque habille des influenceuses comme Chiara Ferragni, des mannequins renommés, comme Bella Hadid, et des divas internationales : Lady Gaga, Beyoncé. En 2022, Schiaparelli est partout. Bravo pour ces succès !

Manteau-or-Schiaparelli-par-Daniel-Roseberry

Aujourd’hui, la maison Schiaparelli a de nouveau investi son hôtel particulier historique de la place Vendôme. L’exposition se clôt sur ce tapis rouge de créations, et nos yeux brillent et notre souffle est coupé, et nos lèvres murmurent « waow » en quittant le Musée des Arts Décoratifs.

A voir jusqu’au mois de mars à Paris.

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