Début juillet dernier, j’ai eu la grande chance de faire partie des premiers à découvrir en France le film de David Serero sur Élie Tahari à l’occasion d’une projection en avant-première aux Champs-Elysées. Je ne connaissais pas non plus ce chanteur classique 🤍 aux multiples talents de producteur, comédien et maintenant aussi réalisateur.
Une belle découverte !!!
Elie Tahari, vous connaissez ?
C’est normal. Quasiment personne ne le connaît en France. Et pourtant il a la stature d’un Giorgio Armani. Depuis plus de 40 ans il a développé un empire aux États-Unis avec une marque de mode, Tahari devenue Élie Tahari.

L'histoire de ce créateur de mode
L’histoire de ce créateur
Rime avec American Dream. Le film réalisé par David Serero retranscrit d’ailleurs très bien les origines modestes de ce jeune homme qui part aux USA avec 60 dollars en poche, qui dort sur un banc de Central Park et qui va de petit boulot en petit boulot retomber sur les pattes de son père marchand de tissus en Iran.
Le succès viendra avec la commercialisation massive d’un morceau de maillot de bain en laine des années 40s déniché dans une friperie, et dont Elie va faire un haut d’un nouveau genre, qui répond parfaitement aux envies de la jeunesse de l’époque.
Un basique mode est né : le tube top.
Satisfaire ses clientes, clé du succès
Elie Tahari à pris l’habitude d’écouter en cabine ce que disent les clientes, et de proposer ensuite ce qu’elles demandent. Dans les années 1970s, ce que les jeunes femmes veulent porter, ce sont des vêtements qui laissent le corps respirer, qu’elles peuvent porter sans soutien gorge.
Avec son tissu élastique, le tube top est un vêtement parfaitement adapté aux envies de l’époque. Elie Tahari a eu du flair. Il quitte la boutique qui l’emploie – au départ comme électricien! – pour fonder sa propre boutique. Viendra ensuite la boutique sur Madison Avenue, et le défilé de la première collection en 1977, dans une boîte de nuit qui vient d’ouvrir et qui correspond aux envies de nouveauté d’Elie Tahari pour un défilé : le Studio 54.

Un défilé mythique au Studio 54
Si vous ne la connaissez pas, cette discothèque va avoir une énorme influence sur la musique et la mode disco. On en parle comme la plus grande boîte de nuit de tous les temps. On y fait la fête, on y croise des célébrités, mais aussi des anonymes qui ont une personnalité et surtout un look hors-normes et se font remarquer à l’entrée.
En quelques semaines, Studio 54 devient un lieu branché incontournable de la fin des années 70s. En France, l’équivalent est le Palace, où se croisaient les Yves Saint-Laurent, Karl Lagerfeld, Thierry Mugler, etc.
Avec ce lancement de folie, la réputation du studio est faite, et celle d’Elie aussi…
Le développement phénoménal de la marque
Élie Tahari devient une marque remarquable et branchée.
Dans le film, Elie Tahari se confie à David Serero au sujet du style disco, « son style ».
Pour lui, créer des vêtements pour cette jeunesse en mouvement était naturel.
Le succès est au rendez-vous, il vend près de 250 000 pièces la première année.
Par la suite, Elie Tahari continue d’habiller les femmes en fonction de leur vie et dessine dans les années 1980s des tailleurs pour leur permettre d’aller travailler. La marque s’étend et est distribuée à travers tous les États-Unis.
aux Etats-Unis
De fil en investissement, notamment dans l’immobilier, la marque se développe et propose toujours plus de produits : femme, accessoires, maillots de bain, puis collection homme, parfums…
Entre autres choses évidentes, comme le savoir-faire couturier, le sens de la coupe, des couleurs, etc., le coup de maître d’Elie Tahari a été d’écouter sa clientèle et de proposer des modèles qui correspondaient à ses attentes. Et ainsi de se renouveler en permanence.

L'ADN d'Elie Tahari ?
Des tenues et des robes élégantes, sophistiquées, pour des femmes d’aujourd’hui, modernes.
Le sexy ne tient pas au décolleté ! Au contraire, Élie Tahari a davantage tendance à couvrir qu’à dévoiler.
Pour finir, il a le génie commercant de proposer des tailles et des coupes qui seyent aux corps des femmes américaines, plus musclées, plus charpentées que les européennes.
Un créateur reconnu et primé
Un tel succès populaire s’accompagne bien sur de multiples récompenses et prix, parmi lesquels une nomination au CFDA, Counsil of Fashion Designers in America, une association de professionnels de la mode dont la mission est de promouvoir la création américaine.
Des distinctions, et des hommages, avec par exemple la journée Elie Tahari du 4 septembre 2013 proclamée par le maire de New-York à l’époque, Michael Bloomberg.
Elie Tahari reçoit également une médaille de l’immigration, le prix Ellis Island, du nom de cette île où débarquaient les migrant en quête d’American dream, comme lui.
Elie Tahari, l’homme
Et il a réussi ! Il a réalisé son American Dream, devenant par la même occasion, un inspirateur pour les prochaines générations après lui.
Un créateur qui apparaît dans la vie, grâce au film de David Serero, comme un monsieur impressionnant de simplicité, de disponibilité et de gentillesse, assis sur son canapé pour remercier la cinquantaine de personnes venues à l’avant première de son film, sur les Champs-Elysées, alors qu’il vient de se faire opérer.
Merci David Serero, de m’avoir fait découvrir ce designer !
Je ne vous ai pas encore parlé du film !
Voici mon avis de « documodiste » amatrice.
Globalement, je l’ai trouvé réussi et comme vous avez pu le deviner, le film très intéressant puisqu’il m’a fait découvrir un créateur dont je ne connaissais rien et dont le parcours est impressionnant.
Ce documentaire repose, comme souvent, sur une interview au long cours d’Elie Tahari par le réalisateur du film, David Serero. Qui s’avère également cadreur, monteur et responsable de la musique. Autant dire que ce premier film est la révélation d’un homme-orchestre audiovisuel incroyable, qui d’une certaine façon a lui aussi réalisé son rêve américain en faisant carrière à New-York !
D’autres entretiens viennent compléter des images d’archives et d’émouvantes photos de la jeunesse du couturier. Je ne connaissais pas les personnalités américaines interrogées, cela m’a appris aussi beaucoup sur l’histoire de la mode. Cela me pousse à approfondir, et à faire des recherches, c’est en quelque sorte ce que j’attends d’un documentaire mode, alors c’est réussi !

Peu de choses négatives de mon point de vue, et ce sont des vues très personnelles.
Premier point, je n’ai pas toujours été réceptive à l’humour de M. Serero. Je ne suis peut-être pas assez américaine pour apprécier ses références, ou trop vieux-jeu 🙂
Deuxième point, pour moi, le réalisateur est trop présent dans le documentaire.
Qu’il soit présent est une bonne chose, comme dans un documentaire classique, car il est le narrateur et nous guide dans les pas d’Elie Tahari, à travers sa carrière. Mais ce rôle de médium ne justifie pas à mon avis, même dans une optique de renouveau du documentaire classique, une présence aussi redondante et une mise en avant de sa personnalité/vie aussi affichée (blague sur les communautés juives par exemple).
De l’émotion !
Cela dit, ce film m’a touchée. C’est un destin incroyable qui est mis en lumière. Et la musique joue son rôle. Par exemple à peu près au deux tiers du film, quand un air au piano apporte un supplément d’émotion à l’image et que l’on réalise le chemin parcouru par ce grand monsieur modeste et humble qu’est resté M. Tahari.
Quel destin incroyable !
Quelle surprise qu’il ne soit pas davantage connu en France !*
J’ai passé une très bonne soirée, merci encore à l’équipe et à M. Serero pour l’invitation.
Pour voir ce film, je vous donne rendez-vous sur Amazon Prime !
*Il y a une vingtaine d’années, Elie Tahari était distribué un temps aux Galeries Lafayette Hausmann et dans une boutique parisienne qui a fermé. Ce film préfigure-t’il un retour imminent ???