Alors que je faisais un exercice pratique de shopping avec une des personnes que j’accompagne en formation, j’ai découvert, à ma grande surprise, une veste « mi-partie ». Qu’est-ce que c’est que ce truc-là, vous allez me dire ! Alors je vous dis tout sur la tendance « mi-partie ».
Mi-partie ?
On appelle les vêtements « mi-partie » des vêtements bicolores, mais pas comme vous l’entendez, c’est-à-dire pas sous forme moderne, avec une couleur dominante et une deuxième couleur, en accent.
On parle de mi-partie dans le cadre d’un bicolore moitié-moitié : une moitié de vêtement d’une couleur, l’autre d’une autre couleur. Comme ce jean proposée par Nakd, ou ce pantalon chez Pretty Little Things :
Des vêtements bicolores comme celui-là, il y en a partout en ce moment, aussi bien chez l’homme que chez la femme !
Je ne sais pas si c’est lui qui a lancé cette tendance, mais Maître Gims a porté il y a trois ou quatre ans une veste en jean mi-partie. La photo a disparu de son Instagram, mais c’est probable !
On remarque aussi quelques créations Lanvin par Alber Elbaz au printemps 2011, et par Ikks à l’automne 2016. Autrement dit, c’est une tendance qui va et vient dans la mode !
Bon, graphiquement c’est original. Stylistiquement parlant c’est parfois très réussi – j’adore la robe Lanvin! Mais savez-vous d’où vient cette tendance ?
Le vêtement mi-partie est hérité de la mode du Moyen-Âge !
Sur Instagram, j’ai commencé une série de vidéos, qui complète mes posts et storys. Dans ces contenus, je vous parle de mode, de style, de bijoux. Et j’essaie de vous en dire plus, en particulier en termes d’histoire !
Je continue donc sur le blog, avec cet article explicatif sur la mode « mi-partie ».
Le nom mi-partie?
Au départ, il faut penser aux emblèmes des seigneurs du Moyen-Âge. En nom savant, on parle d’héraldique.
A l’époque, n’ont de nom de famille que les seigneurs. Et leur nom est décliné sous forme de dessins en couleurs – les blasons – parce que la plupart de la population est analphabète.
Inspirés par les émirs, qui portaient leurs armoiries lors des combats, les chevaliers croisés (qui partaient en croisade) arborent leurs emblèmes sur leur bouclier – ou écu – à partir du XIème siècle. L’héraldique se développe beaucoup grâce aux tournois et la noblesse adopte ses couleurs sur ses vêtements, en reprenant les mêmes couleurs et symboles. D’ailleurs les termes descriptifs de l’héraldique sont des termes issus du lexique du vêtement : coupé, taillé, bande, etc.
On nomme ces vêtements « robe partie », même pour les hommes. Jusqu’au XIVème siècle en effet, hommes et femmes de haut rang portent un vêtement long. Quand ces robes comportent deux couleurs : une moitié de vêtement d’une teinte, l’autre d’une autre teinte, on parle de robe mi-partie. L’uniforme – ou livrée – des domestiques est également assorti aux couleurs du blason de la maison.
N’oubliez pas qu’au Moyen-Âge, l’Eglise est toute puissante. Elle organise la vie quotidienne, et impose ses règles, notamment en matière de vêtement. L’habit est très codifié, et ses couleurs aussi.
Des signes distinctifs sont même imposés à certaines catégories de personnes… Les Juifs, les Maures, les Sarrazins, les hérétiques, les condamnés pour pratiques de sorcellerie, etc.
Il est interdit de mélanger les couleurs, car le mélange renvoie au chaos, au désordre, celui de l’Enfer.
On ne porte les couleurs que juxtaposées, posées sur le même plan, comme dans la robe mi-parti.
Certaines professions ont des couleurs attribuées : le rouge pour les bourreaux et les prostituées, le blanc pour les miséreux, le vert et le jaune associé au vert pour les musiciens, les bouffons, et les jongleurs. Il n’y a donc pas de fantaisie, pas d’imprimés (d’ailleurs le mot dit la technique, et on n’a pas encore inventé la presse). Seulement des rayures, ou des chevrons parfois, comme ici :
Voilà ! Ca y est vous êtes incollable sur les vêtements mi-partie ! Bonne journée 🙂