A voir : les costumes de la Comédie Française au CNCS de Moulins

Moulins, c’est 250 km de Lyon. C’est plutôt loin… 
Mais là-bas, il y a le Centre National du Costume de Scène, dont Christian Lacroix est le Président d’Honneur.

Bien installé dans une ancienne cavalerie, reconvertie en gendarmerie, avant d’être sauvée de la destruction grâce au classement comme Monument Historique, le CNCS abrite une des plus belles collections de costumes de scène françaises voire européennes.

La mission du CNCS en quelques mots :  
« Le Centre national du costume de scène est la première structure de conservation, en France comme à l’étranger, à être entièrement consacrée au patrimoine matériel des théâtres. Il a pour mission la conservation, l’étude et la valorisation d’un ensemble patrimonial de 9000 costumes de théâtre, d’opéra et de ballet ainsi que de toiles de décors peints, dépôts des trois institutions fondatrices du Centre, la Bibliothèque nationale de France, la Comédie-Française et l’Opéra National de Paris, auxquels sont venus s’ajouter de nombreux dons de compagnies, d’artistes et de théâtres.« 

Enchantée par l’exposition « Vestiaire de Divas » (Hiver 2010), j’y suis retournée cet automne pour voir « L’Art du Costume à la Comédie Française », une exposition qui retrace l’histoire des costumes de cette institution.

Comédie Française ?
La Comédie Française est un organisme totalement original, créée en 1680. On l’appelle aussi souvent Maison de Molière, en hommage à celui qui a tant fait pour le théâtre français, mort en 1673. 
Pendant longtemps la troupe ainsi formée avait le monopole à Paris.
La Révolution malmène les comédiens, les emprisonne, et ferme la Comédie Française. Elle renaîtra en 1799, et sera structurée par Napoléon en 1812. Aujourd’hui, elle compte un répertoire de près de 300 pièces, trois théâtres, et 60 comédiens.
On parle bien sûr des comédiens, mais il y avait aussi beaucoup de petites mains, notamment celles des costumiers. Répartis en plusieurs corps de métiers : lingères, chapeliers, couturières, accessoiristes, perruquiers, chausseurs, tailleurs, etc…, ils s’occupaient de créer et entretenir les costumes créés pour les sociétaires. Des registres entiers racontent les costumes, leur création, leur nettoyage et réparation, puis leur destruction le cas échéant. Une vraie fourmilière !

L’expo :
L’exposition de Moulins retrace l’histoire de ces costumes, met en avant plusieurs styles, et révèle les techniques des costumiers (ma salle favorite!). Les costumes exposés datent des XVIIIème, XIXème et XXème siècle. Il y a aussi des pièces beaucoup plus récentes, notamment celles créés par Thierry Mugler pour Macbeth. Coup de coeur aussi pour les accessoires, notamment les casques grecs (avec de vraies crêtes!) et les armures (très réalistes), les drapés, les robes Belle Epoque avec faux-cul.

Des merveilles !!!

Le parcours de l’exposition est organisé de manière chronologique, pour voir l’évolution des costumes, à mettre en parallèle de l’histoire du théâtre bien sûr, et de l’Histoire de France.

On apprend ainsi qu’au départ, ce sont les comédiens qui financent leurs costumes, et qui en sont propriétaires, ce qui explique les différences d’ornementation, liée à la richesse respective des comédiens. (Rappelons-le, à l’époque un vêtement était une pièce du patrimoine, que l’on transmettait, en témoignent les nombreux testaments de l’époque.)

 

Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, deux tragédiens, Mlle Clairon et  M. Lekain, développent une nouvelle manière d’aborder le costume. Ils décident de supprimer les ornementations trop proches du vêtement de cour, et de simplifier les costumes.

Objectif ? plus de cohérence, d’harmonie, de clarté, plus de crédibilité aussi, via une plus grande vérité historique et géographique (ex : pas de robes à paniers pour houer les tragédies grecques, pas de robes de jeunes filles pour les personnages de femmes âgées, etc …).

« Ne mettez dans votre toilette que l’art qui peut m’assurer que je vois la belle nature sans art, qu’aucun colifichet, aucune draperie élégante ou tortillée ne vienne gâter la noble et touchante misère dont vous devez m’offrir le tableau« , dit Mlle Clairon au sujet d’Electre. 

Cette simplification des costumes se traduit aussi dans les motifs, les couleurs, les formes, pour permettre au spectacteur de mieux comprendre l’action en cours. Une vraie révolution !

J’avoue avoir difficilement suivi le parcours historique, l’exposition n’étant pas vraiment fléchée, ce qui a rendu difficile la lecture chronologique. Mais la consultation attentive des panneaux d’explications, la qualité des pièces exposées, la magie qui se dégageait de ces costumes (qu’on a la chance de voir de face ET de dos, grâce à un ingénieux système de miroirs) estompe complètement cet inconfort de visite. Une petite surprise aussi, la dernière salle, où dans la pénombre on a l’impression qu’un trou béant s’ouvre devant vous – en fait un bassin d’eau – dont le pourtour est décoré de toilettes plus luxueuses les unes que les autres.

Attention, l’exposition se termine à la fin décembre!
Au Printemps 2012, le CNCS présentera une autre exposition qui promet elle-aussi d’être magnifique : les costumes dessinés par Christian Lacroix, avec des cristaux Swarvoski, pour le Ballet « La Source »… Caramba !
Pour en savoir plus sur l’Histoire de la Comédie Française.
Le site du CNCS.

A noter : on retrouve les dessins de ces costumes dans un livre présentant les gouaches miniatures de la Comédie Française.

A lire : une interview intéressante de costumiers.

Pour aller plus loin, les catalogues de l’expo :
L’art du costume à la Comédie-Française
et
Costumes & Comédiens des Lumières

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